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Conférence franco-russe "La dynamique des classes moyennes, entre expansion et incertitudes"

 

L’Institut de recherches en politiques sociales de l’Université nationale de recherche « École des hautes études en sciences économiques » (EHESE) et l’Ambassade de France en Russie ont tenu le jeudi 3 octobre 2019 la conférence franco-russe La dynamique des classes moyennes, entre expansion et incertitudes

Cette journée comparative franco-russe a permis de faire le point sur les grandes avancées desclasses moyennes depuis les années 1970, et les incertitudes nouvelles qui se font jour dans différents pays post-industrielles avancées. Dans leurs discussions les chercheurs des deux pays ont touché les thématiques relatives à la définition des classes moyennes et les approches méthodologiques ; à l’évolution quantitative des classes moyennes au fil du temps (depuis 2000 jusqu’à présent) ; à la volatilité des classes moyennes et à l’évolution de leur composition ; aux orientations et à l’activité des classes moyennes par rapport aux autres groupes de population, au rôle des classes moyennes dans le développement de la société moderne.

La conférence s'est déroulée en russe et français avec une interprétation simultanée au 20, rue Miasnitskaya, 20, salle 311 à Moscou.

 

                                            

Programme 

9h30

Inscription des participants

10h00

Allocutions d’ouverture

Lilia Ovcharova, vice-rectrice de l’Ecole des hautes études en sciences économiques (EHESE)
Abdo Malac, Conseiller pour la science et la technologie de l’Ambassade de France en Russie

Session plénière: panorama des « sociétés de classes moyennes »

Animée par Natalia Tikhonova, directrice de recherches au Centre des analyses stratificationnelles de l’Institut de recherches en politiques sociales, EHESE

10h20

Les classes moyennes sous tension : un phénomène global ou occidental ?

Louis Chauvelprofesseur des universités (sociologie) à l'Université du Luxembourg, chercheur associé à l’Observatoire sociologique du changement (Sciences Po Paris) 

Louis Chauvel_Conference Moscou_03-10-2019_FR (PDF, 2.18 Mb) 

 

Dans nombre de pays occidentaux, et en particulier aux Etats-Unis où le phénomène prend une ampleur sans précédent, mais c’est aussi le cas dans de nombreux pays européens, le modèle de société de classe moyenne recule. Il est important de poser un juste diagnostic de ce phénomène de décomposition des sociétés de classes moyennes en Europe de l’Ouest et aux Etats-Unis : ces sociétés reposaient sur sept piliers complémentaires : le salariat stable, homogène, ultra-majoritaire ; la société d’abondance et de consommation accessible aux masses ; l’expansion des protections sociales de l’Etat-providence porteuse de « dépatrimonialisation » ; l’expansion scolaire et la mobilité sociale ascendante ; la croyance au progrès économique par les technosciences ; l’accession des classes moyennes à la centralité politique ; la démocratie représentative, stable et rationnelle. Une analyse comparée montre le délitement progressif de ces piliers dans la plupart des sociétés occidentales.

10h45

La théorie des classes moyennes et la possibilité d'analyser l’évolution socioéconomique de la société russe moderne

Marina Krasilnikova, membre du conseil d’administration du Centre analytique Levada 

02 Marina Krasilnikova_03-10-2019_FR (PDF, 1.73 Mb) 

 

Les classes moyennes font régulièrement l’objet de recherches en Russie. Cette popularité est due au fait que la théorie des classes moyennes ayant un pouvoir explicatif incontestable et une forte attractivité sociopolitique, a considérablement contribué au développement des concepts de classes sociales dans le cadre de la stratification sociale et de l’analyse socioéconomique des sociétés modernes. Néanmoins, les tentatives de décrire et d'évaluer l'importance des classes moyennes dans la société russe se heurtaient toujours au même problème: étant relativement peu nombreux, ce groupe social ne correspond pas aux critères traditionnels qui le décrivent, ce qui ne permet pas de considérer les classes moyennes comme un groupe social déterminant/imposant les normes de conduite pour la population toute entière. Les estimations de la taille de la classe moyenne ainsi que ses descriptions existantes ne donnent pas toujours de meilleurs résultats en termes d’analyse de la dynamique socioéconomique, d’explication de sa structure et de ses tendances de développement.

11h10

Discussion

11h30

Pause-café

Première session: définir les classes moyennes: entre hétérogénéité et identité

Animée par Louis Chauvelprofesseur des universités (sociologie) à l'Université du Luxembourg, chercheur associé à l’Observatoire sociologique du changement (Sciences Po Paris)

12h00

Les classes moyennes russes au cœur de différentes approches théoriques: leurs limites, composition, spécificité

Natalia Tikhonovadirectrice de recherches au Centre des analyses stratificationnelles de l’Institut de recherches en politiques sociales, EHESE 

03 Natalia Tikhinova_03-10-2019_FR (PDF, 704 Kb) 

 

La composition et autres particularités des classes moyennes en Russie contemporaine définie dans le cadre de différentes approches théoriques, notamment d’une approche économique (se basant sur les revenus) ou d’une approche sociologique (tenant compte de la place des classes moyennes au sein de divers modèles hiérarchiques) seront présentées. Sera également proposé un schéma de délimitation des classes moyennes suite à l’agrégation de ces approches.

 

L’objectivation statistique des «classes moyennes»: le point de vue des «ménages médians»

Jérôme Accardoexpert en méthodologie statistique sur les revenus des ménages de l’INSEE 

Jerome Accardo_Conference Moscou_03-10-2019_FR (PDF, 1.45 Mb) 

 

En 2017, l'Insee a conduit en 2017 une étude sur les « ménages médians » très précisément définis comme ceux se situant entre 90% et 110% du niveau de vie médian. S'appuyant sur une grande variété de sources statistiques, elle montre combien, malgré l'étroitesse apparente de leur définition, les ménages médians en France restent fortement hétérogènes en termes de conditions de vie, de formation, d'emploi ou de situation patrimoniale. En documentant précisément cette diversité, l'étude éclaire ainsi la question de la polysémie du terme de « classes moyennes » et la nature des difficultés auxquelles sont nécessairement confrontées les analyses théoriques ou empiriques qui leur sont consacrées.

 

Les classes moyennes en Russie: dynamiques et mobilité

Alina Pichnyak, directrice du Centre d’analyse des revenus et du niveau de vie de l’Institut de recherches en politiques sociales, EHESE 

05 Alina Pychnyak_03-10-2019_FR (PDF, 1.94 Mb) 

 

Les résultats de l’étude longitudinale des classes moyennes effectuée à base des données des enquêtes Russia Longitudinal Monitoring Survey (RLMS-HSE) seront présentés. Ils montreront leur évolution quantitative au fil du temps (de 2000 à 2017). Les données empiriques accumulées dans cette base RLMS-HSE permettent d'utiliser un schéma à trois critères (le bien-être, le statut socio-professionnel et l’auto-identification) pour circonscrire les classes moyennes, ainsi que d'étudier non seulement leur importance, mais aussi l’évolution de leur composition. L’analyse du rapport entre les « nouveaux entrants » dans les classes moyennes et ceux qui les quittent d’année en année permettent de déterminer les périodes les plus favorables pour elles ainsi que les moments d’épreuve.

11h10

Discussion

13h30

Pause-déjeuner

Deuxième session: Importance de la notion des classes moyennes pour le monde d’aujourd’hui

Animée par Jérôme Accardoexpert en méthodologie statistique sur les revenus des ménages de l’INSEE

14h30

Les classes moyennes, est-ce un modèle ?

Vadim RADAEVpremier vice-recteur, EHESE 

06 Vadim Radaev_03-10-2019_FR (PDF, 619 Kb) 

 

Tout un nombre de critères servent à identifier les classes moyennes se caractérisant par une incohérence de statut et des frontières fluctuantes. En outre, elles ne sont pas toujours définies comme moyennes et ne sont non plus considérées en tant qu’une vraie classe. Par conséquent, les classes moyennes ne sont pas utilisées comme une catégorie stratificationnelle mais comme un cadre normatif complexe servant aux différents objectifs de mobilisation.

 

Les classes moyennes en Europe: état des lieux à partir des données de la Luxembourg Income Study

Guillaume Osier, directeur du département «Conditions de vie» de l’Institut national de la statistique et des études économiques du Grand-Duché de Luxembourg (Statec) 

Guillaume Osier_Conference Moscou_03-10-2019_FR (PDF, 1.23 Mb) 

 

En ces temps d'accroissement des inégalités en Europe, la question de la stratification sociale revient au centre des préoccupations politiques et économiques. Si aujourd'hui les classes «populaires», «moyennes» ou «aisées» sont souvent évoquées par les décideurs, ces groupes n'en restent pas moins difficiles à circonscrire et il n'existe pas vraiment de consensus sur la façon de les définir et de les quantifier.

Cette contribution s'appuie sur les micro-données de la Luxembourg Income Study (LIS) pour dresser un état des lieux précis de l'évolution des classes «moyennes» dans les différents pays d'Europe. La LIS compile des micro-données sur les revenus pour de très nombreux pays en Europe et dans le Monde afin de construire une base de données comparables au niveau international rendant possible des travaux de recherche avancée sur des sujets comme la pauvreté, les inégalités ou l'exclusion sociale. Pour certains pays, les données disponibles peuvent remonter jusqu'aux années soixante, ce qui permet des analyses sur de longues durées. Depuis une dizaine d'années, la base de données sur les revenus est complétée par une base de micro-données comparables sur le patrimoine des ménages (Luxembourg Wealth Study – LWS). Après une brève revue historique autour du concept de « classe moyenne », des résultats chiffrés sur l'importance relative des différentes classes sociales dans les pays d'Europe seront présentés et commentés.

15h10

Discussion

Troisième session: dresser un portrait de classes moyennes : repères dans la vie et facteurs socio-économiques

Animée par Alina Pichnyak, directrice du Centre d’analyse des revenus et du niveau de vie, Institut de recherches en politiques sociales, EHESE

15h30

Les classes moyennes russes: leurs valeurs, orientations et attentes vis-à-vis de l'Etat

Svetlana Mareevadirectrice du Centre des analyses stratificationnelles de l’Institut de recherches en politiques sociales, EHESE 

08 Svetlana Mareeva_03-10-2019_FR (PDF, 327 Kb) 

 

La contribution se focalise sur les valeurs et orientations des classes moyennes russes, notamment sur celles liées à leurs visions d’une société idéale et celles qui les inspirent dans leur vie quotidienne. On analysera la spécificité de la perception subjective par les classes moyennes de la structure sociale de la société russe et de ses inégalités. Ces particularités des classes moyennes définissent leurs attentes vis-à-vis de l’Etat et forment un « couloir d’opportunités » pour un développement ultérieur du pays.

 

La précarité en col blanc. Une contribution à l’analyse des classes moyennes dans la France contemporaine

Lise BERNARD, chargée de recherche en sociologie au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), membre du Centre Maurice Halbwachs (CNRS, EHESS, ENS) à Paris 

Lise Bernard_Confernce Moscou_03-10-2019_FR (PDF, 331 Kb) 

 

Cette intervention s’appuie sur une recherche combinant une enquête ethnographique sur les agents immobiliers et des analyses statistiques sur la structure sociale de la France des années 2000 (La précarité en col blanc. Une enquête sur les agents immobiliers, Presses Universitaires de France, «Le lien social», 2017). Rémunérés entièrement ou en grande partie en fonction des ventes qu’ils réalisent, les agents immobiliers se trouvent dans une position à la fois fragile et prometteuse et sont ainsi confrontés à ce que l’on peut appeler une «précarité en col blanc». Cette condition professionnelle est emblématique de transformations profondes affectant la société française. On présentera plusieurs aspects des styles de vie des agents immobiliers en montrant que cette précarité en col blanc contribue à structurer leur rapport au monde (en particulier leur rapport au travail, au risque, à l’argent, au collectif, au politique, ainsi que leur vision de l’espace social) et que leurs pratiques de consommation, comme leur attachement à la qualité du service quand ils sont eux-mêmes clients, portent la trace d’une quête d’estime sociale. On mettra aussi en évidence qu’une sociologie des agents immobiliers participe à l’analyse de tout un pan des classes moyennes contemporaines, en essor depuis le début des années 1980, et qui conduit à repenser les concepts souvent utilisés dans l’analyse de la stratification sociale pour penser les catégories intermédiaires.

 

Les tendances de la consommation des services payants par les classes moyennes russes

Alexandra Goryaïnova, Elena Nazarbaevaexperts au Centre d’analyse des revenus et du niveau de vie de l’Institut de recherches en politiques sociales, EHESE 

10 Goryanova - Nazarbaeva_02-10-2019_FR (PDF, 308 Kb) 

 

Les classes moyennes se distinguent par une forte consommation des services payants et investissent plus que les autres dans l’éducation, la santé, l’assurance, les produits banquiers, les loisirs, ou les vacances. Les études de ce phénomène menées en Russie et dans d'autres pays montrent l’évolution du comportement des consommateurs dans les nouvelles conditions économiques. L’étude effectuée à base de données des enquêtes Russia Longitudinal Monitoring Survey (RLMS-HSE) témoigne du recours de plus en plus fréquent aux services payants, y compris dans le domaine de l’éducation et de la santé et met en évidence les facteurs qui favorisent les investissements dans le capital humain au moyen des services payants.

16h25

Discussion

16h40

Pause-café

Table ronde: Optimisme vs Pessimisme : comment les experts voient l’avenir des classes moyennes

Animée par Marina KRASILNIKOVA, membre du conseil d’administration du Centre analytique Levada

17h00

Questions à débattre :

      - Qu’est ce qui diffère en Europe de l'ouest et en Russie dans la dynamique des classes moyennes ? Faut-il être optimiste ou pessimiste ?

- Les classes moyennes garantissent-elle toujours la stabilité sociale et économique ?

- Les qualifications professionnelles versus les diplômes universitaires dans la structure de l’emploi et les perspectives des classes moyennes ?

- L'inégalité des revenus/des patrimoines et l’évolution des classes moyennes en Russie et en France : que disent les comparaisons de tendances ?

 

Participants à la table ronde :

Louis Chauvelprofesseur des universités (sociologie) à l'Université du Luxembourg, chercheur associé à l’Observatoire sociologique du changement (Sciences Po Paris)

Jérôme Accardoexpert en méthodologie statistique sur les revenus des ménages (INSEE)

Guillaume Osier, directeur du département «Conditions de vie» de l’Institut national de la statistique et des études économiques du Grand-Duché de Luxembourg (Statec)

Lise Bernard, chargée de recherche en sociologie au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), membre du Centre Maurice Halbwachs (CNRS, EHESS, ENS) à Paris

Daniel Mathieu, conseiller pour les affaires sociales, Ambassade de France en Russie

 

Natalia Tikhonovadirectrice de recherches, Centre des analyses stratificationnelles,Institut de recherches en politiques sociales, EHESE

Lilia Ovcharova, vice-présidente, EHESE

Vladimir GUIMPELSON, Directeur du Centre d’études du marché du travail, EHESE

Alina Pichnyak, directrice du Centre d’analyse des revenus et du niveau de vie, Institut de recherches en politiques sociales, EHESE

Svetlana Mareevadirectrice du Centre des analyses stratificationnelles de l’Institut de recherches en politiques sociales, EHESE

18h00

Bilan de la conférence

Alina Pichnyak, directrice du Centre d’analyse des revenus et du niveau de vie, Institut de recherches en politiques sociales, EHESE

Louis Chauvelprofesseur des universités (sociologie) à l'Université du Luxembourg, chercheur associé à l’Observatoire sociologique du changement (Sciences Po Paris)

18h20

Fin de la conférence

 

 


 

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